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Témoignages

Vivre-Ensemble Fri for Mobberi à l'école, témoignage d'une directrice de groupe scolaire

Chrystelle Titeux est directrice d’un groupe scolaire dans les Yvelines où le programme Vivre-Ensemble Fri for Mobberi est en place depuis 2 ans. Établissement en éducation prioritaire renforcée, elle explique sa démarche dans la mise en place du programme. 

Pourquoi Vivre-Ensemble Fri for Mobberi ? Pour que les élèves se sentent bien à l’école, tout simplement. Qu’ils apprennent à se respecter les uns, les autres; à faire attention aux autres et pour qu’ils se construisent de façon plus solide, qu’ils prennent confiance en eux. 

On a pu observer des enfants, même en maternelle, qui prenaient soin les uns des autres. On a pu voir par exemple, un petit qui arrive le matin qui pleure et l’autre qui va chercher l’ami ours et lui dit : “tiens, fais lui un câlin, tu vas voir, ça va aller mieux.” On a même eu une fois, c’est un parent qui nous a raconté ça, un petit garçon qui était au supermarché, qui a vu deux adultes se disputer. Il a quitté son papa en lui disant : “attends papa, il faut que j’y aille”. Il est allé voir les deux adultes et il leur a dit : “non, il ne faut pas vous parler comme ça parce que ça va vous faire du mal, il faut faire attention à comment on se parle. Et globalement, oui, on a un climat scolaire beaucoup plus apaisé. 

Nous sommes dans un établissement en éducation prioritaire renforcée, c’est calculé en fonction de l’IPS des familles, on est dans un milieu où en fait, socialement, les parents ne sont pas attentifs à leurs enfants, n’ont pas toujours les mêmes codes éducatifs qu’on peut avoir. On a des parents qui peuvent être démunis, on a aussi des parents qui ont eu une souffrance scolaire qui du coup n’ont pas forcément confiance en l’école ou ont peur de l’école, de ce que leur enfant y vit. Il y a des situations familiales extrêmement compliquées qui font que les enfants peuvent vivre de la violence, psychologique, physique, enfin un climat tendu à la maison, ce qui ne les rend pas disponibles pour l’apprentissage. Ils peuvent reproduire aussi des choses qu’ils voient. Même si c’est beaucoup plus apaisé qu’avant, il y a quand même pas mal de choses qui se passent dans la rue, il y a pas mal de violence, d’agressivité, de délinquance. Les enfants, ils ont ça comme modèles en fait.

Vivre-ensemble Fri for Mobberi apporte une autre façon de voir les choses, chez nous c’est couplé aussi à la discipline positive, avec des ateliers pour les parents. Avec Fri for Mobberi, les parents rentrent aussi, on fait des cafés des parents, y’a des planches pour les parents sur lesquelles ils peuvent réfléchir aussi, parce qu’on éduque les enfants à faire attention aux uns et aux autres, dans l’école, mais c’est important aussi en tant qu’adulte. Il y a même des planches pour les enseignants, que nous aussi on fasse attention à ce qu’on fait sans s’en rendre compte. 

C’est très complet parce que ça touche les enfants et ça touche aussi les parents, les enseignants, enfin toute la communauté éducative en fait. 

L’ami ours, c’est un plus, c’est une mascotte mais qui n’est pas non plus un camarade, qui va pas pouvoir leur répondre, etc. C'est un objet transitionnel très positif pour la classe et les enfants s’en saisissent. Son rôle consiste à être l’ami de tous les enfants de la classe. 

Les enfants qui sont un petit peu isolés, qui ont l’impression qu’ils ont pas de copains ou qui effectivement n’en ont pas parce qu’ils sont timides, parce qu’ils viennent d’arriver dans l’école, ils ont au moins, en premier lieu cet ami ours. L’ami ours étant l’ami de tous, ça crée un contact entre eux. C’est-à-dire, on a un ami en commun donc finalement on appartient à la même communauté, ça crée des liens.

Moi j’ai vécu une scolarité plutôt paisible mais j’ai vu des situations où il y avait du harcèlement, plus dans les collèges et lycées, donc c’est un programme que j’aurais bien aimé avoir plus jeune et c’est quelque chose que je pense qu’il faut vraiment développer partout. 

Ce que j’ai à ajouter, c’est : merci à ceux qui ont créé ce programme et merci à la Ligue de l’Enseignement de nous avoir permis de le connaître, de le mettre en place dans notre école, c’est vraiment un outil formidable.